Darvaza

Darvaza est le récit d’un voyage fictif conçu à partir des souvenirs de touristes, de leurs images, de leurs commentaires et de toutes les légendes entourant l’histoire du cratère. À travers la vie basse-définition de l’Internet, je fais l’expérience virtuelle d’un lieu recouvert par la subjectivité de ceux qui s’y sont rendus. De ces dossiers immatériels de données glanées au fil de mon périple, émerge ce livre qui questionne l’expérience virtuelle d’un territoire, la notion de tourisme noir et la mémoire d’un lieu.

Edition couleur 60 pages, 17,5x13cm, couverture rigide et dos carré-collé (auto-édition), 2020

Darvaza est une erreur.

Au cœur du désert de Karakoum, il y avait autrefois un village nommé Darvaza.

En 1971, alors que le Turkménistan était encore sous l’égide de l’URSS, une campagne de prospection minière fut lancée par les soviétiques afin de sonder les champs pétrolifères et gaziers de la région. Une plateforme de forage fut installée à quelques kilomètres du village de Darvaza.

Lors des opérations de forage, une erreur fut commise par l’équipe de scientifiques. En creusant les couches souterraines, ils auraient accidentellement percé une gigantesque cavité entraînant avec elle le camp au fond du précipice, vingt mètres plus bas.

De l’accident, il ne resta rien que cet immense cratère vomissant ses réserves de méthane dans le désert. Pour éviter la contamination de la région et l’intoxication de ses habitants, les scientifiques décidèrent de mettre le feu au cratère pour consumer l’intégralité du gaz.

Mais le feu ne dura pas une semaine comme le prévoyaient les scientifiques.

Il brûle encore à ce jour.

Le village de Darvaza fut rasé
et déplacé en 2002.

Les guides locaux savent où bifurquer sur la piste sillonnant le désert pour s’approcher du cratère. Guidées par les lueurs des flammes qui illuminent le ciel, les jeeps fendent le paysage avant de s’arrêter dans un nuage de poussière pour déverser les touristes qui déjà se pressent au bord du cratère.

Darvaza est devenu l’un de ces endroits où les touristes intrépides se massent.
Au bord du cratère, les plus inconscients s’avancent jusqu’à la limite, là où le sol s’effrite avant de disparaître dans les profondeurs. Les bourrasques brûlantes font tourner la tête et la peau semble fondre comme la roche.

On y vient en jeep,

chameau,

moto,

quad.

Darvaza est depuis surnommé

La porte des enfers