Nagori

Nagori, en japonais, signifie ce qu’il reste des vagues, et symbolise la nostalgie de ce qui disparaît.

On ne parle plus des sirènes. Elles se sont échouées sur nos plages, dévorant la côte et emportant le sable. Fondue sous le soleil brûlant et léchée par la houle, la mémoire, elle aussi, s’en est allée. Les vagues ont tout effacé, nous laissant croire que nous pouvions réécrire le cours des choses. Il ne reste qu’un sol moite et glissant où émergent ça et là des nagori que nous ne savons plus lire.
Si nous n’avions pas construit nos châteaux au-dessus, peut-être nous auraient-ils appris qu’il n’y avait rien à faire. Se replier plutôt que courir au-devant sans jamais se résoudre à délaisser nos forteresses.
Et demain, lorsque les vagues vomiront nos vestiges, il n’y aura aucun trésor à découvrir, seulement des rivages étouffés sous leur carapace de béton.
Par la photographie et l’accumulation de traces des occupations humaines qui se jouent sur nos plages, Nagori tente d’ancrer la trace de ce qui n’est déjà plus là et ce qui tend à disparaître. Ce projet explore notre rapport conflictuel à l’impermanence du trait de côte, comme une quête poétique et violente pour figer l’éphémère.

Série réalisée dans le cadre du projet Megalomania,
résidence itinérante et portée par l’artiste Anaïs Marion.
Nouvelle Aquitaine
2022